Samedi 15 septembre, en deuxième partie de soirée, était diffusée la première partie d’un documentaire réalisé par Frédéric Castaignède.

Nous avons regardé avec attention. Voici nos impressions à chaud sur le reportage diffusé sur Arte « Demain l’école, les innovations dans le monde »(1/2) présenté par Télérama comme « Les neurosciences, nouveaux piliers de l’enseignement ».

Notre première impression est mitigée car le titre de Télérama nous laissait penser que le reportage allait essentiellement parler de neurosciences. Mais, mis à part quelques secondes d’intervention de Stanislas Dehaene (l’un de nos scientifiques préférés) et de Céline Alvarez (qui évoque des choses essentielles mais si souvent oubliées), le reste présente l’école à Singapour et en Finlande sans vraiment aborder les neurosciences. Il semblerait que ce sujet soit davantage abordé dans le second volet.

Néanmoins, ce reportage reste très instructif.

La méthode de Singapour première de la classe…

Tout d’abord, le reportage aborde la première place de Singapour dans le fameux classement PISA tant et si bien qu’il apparait comme modèle éducatif à suivre.  La méthode de Singapour, qui consiste à rendre les mathématiques plus concrètes grâce à la manipulation d’objets, est devenu une référence.  A la Neurobox, nous utilisons une méthode similaire. Et qui, au passage, ressemble à ce qui se faisait en France il y a 30-40 ans avec l’utilisation « des buchettes » par exemple.

Toutefois, cette méthode ne saurait expliquer, à elle seule, le succès des élèves de Singapour aux tests PISA.

Comment expliquer alors le niveau supérieur de ces enfants ? Le reportage illustre très bien ce qui se passe dans les écoles de Singapour et dans la société singapourienne en générale. C’est un principe élitiste auquel on adhère beaucoup moins.

…au détriment des enfants

L’enseignement est basé sur la compétition entre les enfants qui ont des emplois du temps surchargés. Après une journée de cours à l’école, la plupart des enfants finissent leur journée ou en démarre une seconde. Ils participent alors à une multitude de cours de soutien jusqu’à tard le soir. L’obsession de l’excellence est omniprésente, enlevant toute place à l’individualité de l’enfant. Les activités créatives sont totalement absentes. Les enfants sont privés d’une partie de leur sommeil. L’unique but étant la réussite à un premier examen. A long terme il s’agit d’intégrer la meilleure université.

Pas étonnant qu’ils soient meilleurs que les enfants d’autres pays à des examens calibrés.  Mais à quel prix ? Les enfants sont épuisés physiquement et moralement et le reportage indique d’ailleurs que le taux de suicide des jeunes a nettement augmenté. Les élèves deviennent des robots. Le plaisir d’apprendre n’existe plus, seul le classement compte. Des professionnels du monde de l’enfance dont des scientifiques de Singapour tirent la sonnette d’alarme.

Quand on se rend compte de tout ceci, la première place au PISA suscite moins l’admiration…

Le système éducatif finlandais

Ensuite, un deuxième système éducatif est étudié celui de la Finlande (5ème au PISA après avoir été en tête du classement). Celui-ci apparaît comme un modèle antagoniste de celui prôné par Singapour. L’environnement de travail, l’esprit créatif, la coopération et l’individualisation des enseignements semblent mis en avant.

Ce modèle correspond parfaitement à l’esprit Neurobox. En effet, tout comme dans le reportage, notre environnement est spacieux, ouvert et favorise la liberté d’apprendre. Lors des sessions d’étude, une pédagogie coopérative s’installe naturellement entre le professeur, les élèves et les élèves entre eux.

Comme l’explique Céline Alvarez dans le reportage et comme le prônait Freinet, il ne s’agit pas de recréer la classe mais de favoriser l’émergence des idées, l’application concrète du cours, l’entraide. Régulièrement, nous voyons des élèves des classes supérieures donner quelques indications aux plus jeunes. Les grands réécoutent les bases travaillées par les plus jeunes, un échange bienveillant, conscient et inconscient, s’effectue entre les élèves. Le professeur guide, rassure, conseille, enlève les incertitudes.

Le modèle finlandais semble parfait. Les élèves ont cours entre 4 et 6 heures par jour et une place importante est consacrée aux activités extra scolaires (sport, activités manuelles). Mais faut-il calquer notre modèle éducatif sur celui de la Finlande ?

Et la France à la traîne ?

Certes, la France n’apparaît pas en tête du classement PISA mais en revanche, elle s’avère être un vivier de cerveaux. De nombreux scientifiques, pionniers en médecine et littéraires parmi les plus connus sont français.  Les français comptent 62 prix Nobel contre 1 finlandais et 12 médailles Fields et beaucoup d’inventions telles que la carte à puce sont françaises.  C’est bien qu’en France on n’est pas si médiocre que ça, non ? Beaucoup d’écoles supérieures sont renommées au niveau mondial (polytechnique, centrale…).

Tenter d’expliquer tout ceci dans ce billet n’est pas l’objectif du jour qui est de donner une impression sur ce reportage mais les débats sont ouverts et s’avèrent riches et longs.

Une des explications au mauvais classement de la France vient probablement des inégalités sociales. Les enfants des quartiers défavorisés partent à l’école avec un handicap linguistique difficile à rattraper.  Ces enfants ne peuvent donc prétendre aux écoles renommées du supérieur ? Et là nous pointons du doigt le manque d’équité à l’école française….

La formation des enseignants, leur manque de reconnaissance peuvent également être incriminés…

Bref de nombreux facteurs contribuent à ce classement plutôt mitigé. Qu’est-ce qu’un classement d’ailleurs ? Comment est-il effectué ? Prend-il en compte toutes les variables ?

Demain l’école avec le paradoxe PISA

Tout le paradoxe de PISA est la volonté d’éliminer le classement à l’échelle des écoles tout l’instaurant à l’échelle internationale. Il met en compétition les différents systèmes d’éducation sans tenir compte de la culture, des paramètres extérieurs ou des résultats à long terme.

Ne perdons pas espoir ! Si beaucoup de choses restent à faire à l’école primaire, au collège ou au lycée, la France possède de très bonnes écoles supérieures. Rappelons que système éducatif est né au 18éme siècle pour satisfaire les besoins de l’époque…

A la Neurobox nous y travaillons, nous échangeons avec les établissements scolaires, nous proposons des formations aux professeurs et nous accompagnons les élèves dans leur épanouissement. Un élève heureux est un élève qui apprend facilement !

Le deuxième volet « Demain l’école, les innovations dans le monde » sera diffusé la semaine prochaine, nous sommes impatients de le visionner et de le commenter.